COVID-19 : Pourquoi il va falloir maintenir le télé-travail après le 11 mai

in #fr4 years ago (edited)

Suite à l’épidémie de coronavirus et au confinement imposé depuis le 17 mars en France, le gouvernement a fixé la date du début du déconfinement au 11 mai. Cela ne signifie pas pour autant que les gens doivent commencer à retravailler comme avant le 17 mars.


Les transports en commun, un facteur de risques

Beaucoup de gens prennent les transports en commun pour aller travailler, notamment en région parisienne. Que ça soit dans un bus, un tramway, un train ou une rame de métro, il est difficile de respecter les mesures de distanciation sociale, notamment aux heures de pointe. Même si on condamne un siège sur deux, ça ne diminue pas assez les risques. Si on dit à beaucoup de gens de se rendre de nouveau sur leur lieu de travail alors qu’ils peuvent travailler de chez eux, cela va augmenter le nombre de passagers par véhicule.

Si un passager contaminé éternue ou simplement expire de l’air contaminé, c’est un risque pour les autres. Dans un milieu confiné comme une rame de métro, il suffit d’un seul passager malade pour en contaminer plein d’autres. Il est donc nécessaire d’imposer le port du masque dans les transports en commun. C’est ce qui a été annoncé par la ministre des transports, Elisabeth Borne.
Plusieurs pays européens (Autriche, Allemagne, Tchéquie, Slovaquie, etc) ont imposé le port du masque obligatoire dans les transports en commun. En Espagne par exemple, des masques chirurgicaux sont distribués à l’entrée des stations de métro. Le problème, c’est que comme le gouvernement a été plus que laxiste concernant ses stocks de masques, il n’y a pas assez de masques à distribuer à la population pour le moment. Comme les commerçants français n’avaient pas le droit de vendre des masques sanitaires au grand public jusqu’à fin avril (du moins c’est qui leur était dit), ils n’avaient pas de stocks suffisants au moment où l’interdiction a été levée, ni au moment où ils ont eu la certitude qu’ils avaient le droit d’en vendre à nouveau. Si les masques sont difficiles à trouver au début du déconfinement, des salariés contraints de retourner sur leur lieu de travail prendront le risque de se déplacer sans masque… et prendront donc aussi le risque d’exposer les autres s’ils sont porteurs du virus sans le savoir. Si vous êtes porteur du virus (même sans le savoir), un masque “alternatif” en tissu peut vous éviter d’envoyer des projections sur les autres. Mais si vous n’êtes pas malade, ça ne vous protège pas beaucoup si une personne contaminée et sans masque tousse ou éternue près de vous dans le métro. Pour limiter les risques, il faut que tous les passagers portent un masque, puisque peuvent être porteurs du virus sans le savoir. Et il faut évidemment limiter les déplacements si le télé-travail est possible.


Les bureaux : des lieux fermés et propices à la diffusion du virus

Si vous bossez dans un open space, vous avez peut-être des dizaines de collègues partageant le même espace que vous. Dans beaucoup d’entreprises utilisant des bureaux en open space, il n’est pas possible de faire revenir tous les salariés en respectant une distance de deux mètres de manière continue. Et même avec cette distance, si une personne postillonne, tousse ou éternue, cela envoie peut envoyer des micro-gouttelettes à 5 ou 6 mètres de distance. Souvent il n’est pas possible de se déplacer dans de tels lieux sans devoir toucher des poignées de porte ou des boutons d’ascenseur ou d’interrupteurs. Et puis il est difficile d’éviter que les gens prennent l’ascenseur ou utilisent les toilettes.

Une solution, ça serait d’imposer le port du masque au bureau. Mais ça ne serait pas très pratique. Si vous devez souvent utiliser le téléphone, la communication risque d’être moins claire avec votre interlocuteur. Si les employeurs doivent se procurer des masques chirurgicaux jetables (plusieurs par jour et par salarié), ça risque d’avoir un coût non négligeable, surtout avec des prix qui ont augmenté ces derniers mois. Il ne faut pas non plus oublier que les bureaux sont souvent climatisés. La ventilation peut favoriser la diffusion du virus dans un espace fermé. Cela a été constaté dans un restaurant en Chine, à Guangzhou, comme expliqué dans un article publié dans la revue Emerging Infections Disease.


Les entreprises peuvent y trouver leur intérêt

Pendant longtemps, de nombreuses boîtes ont été réticentes au télé-travail et trouvaient toujours un prétexte pour que les employés se déplacent au bureau. Même avec l’épidémie de COVID-19, jusqu’à début mars, beaucoup d’entreprises le refusaient. Ce n’est que quand la situation s’est aggravée et que le gouvernement a vraiment incité au télé-travail que les entreprises l’ont mis en place. Pourquoi ces réticences ? À cause des idées reçues. Votre employeur s’imaginait probablement que si vous bossiez de chez vous sans votre N+1 à côté, vous alliez en profiter pour procrastiner et travailler moins. Il y a évidemment des gens qui en profitent pour faire de petites pauses discrètes ou avoir des distractions à côté. Mais il y a aussi des gens qui ont gagné en productivité.

Le télé-travail, ça permet à beaucoup de gens de gagner du temps. Si vous devez aller bosser à 9h et partir à 8h de chez vous pour arriver un peu en avance, vous allez peut-être vous lever à 7h. En télé-travail, vous pouvez vous lever à 8h, prendre une douche et votre petit déj et lire le journal. Le télé-travail ça permet d’éviter le stress lié aux bouchons sur la route ou aux transports en commun, et ça permet aux employés de se lever un peu plus tard et d’être mieux reposés. Ce sont des éléments qui peuvent générer une meilleure efficacité. Cela peut aussi faire des économies. En France, l’employeur est censé prendre en charge une partie du coût de l’abonnement pour les transports en commun pour les trajets domicile-travail. Dans certains cas, les trajets effectués en voiture peuvent aussi être pris en charge. Maintenant, si une partie des salariés d’une entreprises passent en télé-travail, les frais de déplacements à prendre en charges sont moins élevés. Si vous êtes en télé-travail, vous ne risquez pas d’arriver en panne parce qu’un tram est tombé en panne ou parce qu’il y a eu un “incident voyageur” sur une ligne de train. Le télé-travail, ça veut dire aussi moins de retards et moins d’absentéisme.

Le télé-travail, cela peut permettre aussi d’autres économies. Dans certains cas, ça peut permettre de dépenser moins en fournitures de bureau. L’autre économie peut se faire sur les locaux. Le groupe PSA compte maintenir le télé-travail pour 80 000 salariés à travers le monde. Les salariés concernés devraient passer à une journée et demie par semaine dans des bureaux. Cela pourrait permettre au groupe de faire des économies en cédant des biens immobiliers. Pour d’autres entreprises, ça permettrait de louer moins de m² de bureaux. Ces économies pourraient être réinvesties dans autre chose, voire à augmenter un peu les salariés. Si la demande pour l’immobilier de bureau baisse, cela pourrait faire baisser les prix, ce qui serait une aubaine pour d’autres entreprises qui pourraient avoir accès à davantage de m² ou à une meilleure localisation qu’avec les prix qui s’appliquaient début 2019. Le COVID-19 semble avoir lancé la démocratisation du télé-travail en France…

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