Texte ; les mots écorchés.

in #fr6 years ago

L'âme légère mais noircie, j'ouvre les bras comme pour accueillir toute la haine du monde dans mon être ; petit corps frêle. Tant de souffrance posées sur mes épaules, le poids de la peine est immense. Ma tête flanche et bascule en arrière mes yeux tournent à vide desséchés à force de pleurer ; ils ne voient que des fléaux et des maux, des sabliers brisés et des cendres à flots partout autour les plumes arrachés des jolis oiseaux.

Les mains liées par une corde si serrée qu'elle arrache ma peau, les poignets brûlés par l'acide de la cruauté, je tournoie et je valse dans un vaste désastre. Je danse au milieu des tombes de l'amour en ruine, et du bonheur ruiné, l'odeur putride de la mort, je la sens à trois mille.
Ailes d'argents, et gants de cuire, je me suis forgée; forgée une armure pour faire la guerre, en perpétuel combat, ce n'est plus une vie que je mène.

10731104_391077194381388_2512747546132438738_n.jpg

Mais sur un carrousel rouillé je me lève, sur la plus belle selle des chevaux colorés décolorés par les conséquences néfastes du temps qui passe, je met en avant mon épée bâtie dans l'espoir elle est d'une lame si tranchante qu'elle te transpercerait le cœur comme toutes ces larmes versées dans ces ruelles de terres, des femmes d'hommes et d'enfants, une arme de vengeance, je m'en complais et j'imagine ce vieux manège encore vivant de lumière et la musique des tambours qui s'est évanouie dans l'air.

Reviens bonheur éphémère avant que je me noie dans l'envahissant, mais tu ne sais pas comme elles sont attirantes ; la colère, l'envie la jalousie, la vengeance et le gout du sang ; comme une perle de souvenir sur mes lèvres ; les soirs où je me suis baignée et délectée de ce doux poison enivrant. Elles ne demandent aucun effort, juste une plaie ouverte prête à s'infecter des démons pour t'accaparer tout entier pour te faire sentir à nouveau vivant ; comme dans mes nuits d'antan ; piquée constamment, éveillée par ces aiguilles sur lesquelles on marches pieds nus quand l'insomnie nous prive de l'espoir d'un rêve. Endormie dans un lit de ronces. Ce mal et cette souffrance comme une bénédiction, un exorcisme de la naïveté polluante de ce monde amer et détesté.


Anaëlle